La révolution du carbone vue depuis l'espace
Le monde géospatial connaît une transformation sans précédent. Longtemps réservé aux agences spatiales, aux bureaux d’études ou aux ingénieurs topographes, l’accès aux données géoréférencées devient aujourd’hui un levier central dans la lutte contre le changement climatique. La fusion des données satellites, des modèles 3D et de l’intelligence artificielle permet d’observer, mesurer et comprendre les dynamiques de la Terre en temps réel.
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L’essor des technologies géospatiales au service du climat
Dans ce contexte, les entreprises du secteur s’imposent comme des acteurs essentiels de la transition écologique. GEO4X, plateforme collaborative française dédiée à la gestion et à la visualisation de données géospatiales, et Chloris Geospatial, start-up américaine spécialisée dans la mesure du carbone forestier, incarnent deux visages complémentaires d’une même révolution : celle d’un monde où l’observation spatiale devient un outil d’action environnementale.
Chloris Geospatial : l’intelligence satellitaire pour écouter les forêts
Basée à Boston, Chloris Geospatial développe des technologies capables de “faire parler” les forêts grâce à l’analyse combinée de données satellites et d’algorithmes d’intelligence artificielle. L’entreprise vient de lever 8,5 millions de dollars (environ 7,2 millions d’euros) afin d’accélérer son développement et d’ouvrir un hub européen.
Son ambition : fournir une mesure précise, indépendante et en quasi temps réel de la biomasse végétale et du carbone stocké dans les écosystèmes. Grâce à la fusion de données optiques, radar et lidar, Chloris peut détecter la déforestation, quantifier l’effet des programmes de reboisement ou suivre la régénération d’une zone après incendie.
Cette approche bouleverse les méthodes traditionnelles basées sur des estimations sectorielles. Elle rend possible une évaluation scientifique du carbone réellement stocké dans la nature, un enjeu fondamental à l’heure où les entreprises doivent prouver la crédibilité de leurs stratégies net zero.

Mesurer le carbone depuis l’espace : une rupture technologique majeure
Les technologies développées par Chloris reposent sur la fusion de jeux de données massifs, issus notamment des satellites Sentinel et Landsat. En combinant observation multispectrale, radar et lidar, la start-up produit des modèles dynamiques de croissance et de déclin végétal.
L’objectif est simple : transformer les images satellites en indicateurs exploitables pour la comptabilité carbone. Cette approche dite “nature intelligence” dépasse la simple cartographie statique et ouvre la voie à une nouvelle génération d’outils capables de suivre l’évolution des écosystèmes à l’échelle planétaire.
Les applications sont immenses : suivi du reboisement, validation des crédits carbone forestiers, évaluation des politiques publiques ou encore gestion des risques liés à la dégradation des sols. Pour les investisseurs, cette capacité à quantifier la nature devient un critère de performance environnementale.

Vers une “géographie du carbone” mondiale
Chloris Geospatial veut bâtir une véritable géographie du carbone, une cartographie vivante des stocks et flux de biomasse à l’échelle du globe. En s’appuyant sur des décennies de recherche académique et des bases de données de terrain, ses modèles s’ajustent en permanence pour refléter la réalité écologique locale.
Cette approche s’inscrit dans une dynamique mondiale portée par de nouvelles réglementations telles que la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) en Europe ou la SEC Climate Rule aux États-Unis. Ces textes imposent aux entreprises de publier des données vérifiables sur leurs émissions et leurs absorptions de gaz à effet de serre. Les outils géospatiaux deviennent ainsi des alliés indispensables pour produire des rapports environnementaux crédibles et auditables.

Des enjeux stratégiques pour les entreprises et les politiques publiques
La mesure du carbone n’est plus seulement un sujet scientifique : c’est un enjeu économique, réglementaire et stratégique. Les industries à fort impact environnemental : cacao, huile de palme, soja, viande bovine, doivent désormais démontrer la durabilité de leurs chaînes d’approvisionnement. Les institutions financières, elles, exigent des indicateurs précis pour évaluer les risques liés à la déforestation ou à la perte de biodiversité.
Grâce à l’intelligence géospatiale, il devient possible de vérifier concrètement les engagements pris sur le papier. Cette évolution pousse les acteurs publics et privés à investir massivement dans les infrastructures numériques capables d’héberger, d’analyser et de partager ces données complexes.
GEO4X, la plateforme française qui démocratise la donnée géospatiale
C’est précisément sur ce segment que GEO4X se positionne. Basée en France, la plateforme cloud propose un environnement collaboratif qui simplifie la gestion, la visualisation et l’analyse de données géospatiales 2D et 3D.
Les utilisateurs : géomètres, topographes, bureaux d’études, ingénieurs ou collectivités, peuvent y déposer leurs orthophotos, nuages de points ou modèles numériques de terrain, et les consulter directement depuis un navigateur, sans logiciel spécifique. GEO4X offre des fonctions avancées de mesure, de comparaison temporelle, de calcul de cubatures, d’export KML/GeoJSON, et de partage sécurisé conforme au RGPD européen.
Cette approche rend la donnée géospatiale aussi accessible qu’un simple fichier sur un drive, tout en conservant la précision scientifique indispensable aux métiers du terrain. GEO4X incarne la démocratisation du cloud géospatial : une infrastructure prête à accueillir la donnée lidar ou drone pour des usages allant du suivi environnemental au contrôle de chantier.

Un écosystème en expansion : convergence entre recherche, IA et cloud collaboratif
L’annonce de la levée de fonds de Chloris Geospatial illustre un mouvement global : la convergence entre recherche académique, intelligence artificielle et plateformes cloud collaboratives. Ce nouveau paradigme transforme la donnée spatiale en un actif stratégique au service du climat, de la planification urbaine et de la gestion des ressources naturelles.
Dans cette dynamique, GEO4X représente la brique opérationnelle qui manquait : un espace centralisé où la donnée issue de capteurs ou de drones devient exploitable par les professionnels du terrain. L’interopérabilité entre acteurs, la visualisation 3D et la traçabilité des informations créent les conditions d’une véritable intelligence géospatiale partagée.
À mesure que les entreprises adoptent des stratégies basées sur des indicateurs de durabilité, l’association entre des acteurs scientifiques comme Chloris et des plateformes technologiques comme GEO4X redéfinit les standards du secteur. Ensemble, ils participent à l’émergence d’une économie de la donnée géospatiale où la précision, la transparence et la collaboration deviennent les nouveaux piliers de la transition écologique.